Eduquer à la citoyenneté
Au tableau, citoyens !
Instruire sur la citoyenneté à l’école est un défi pour apporter une formation qui réponde aux enjeux contemporains.
Eduquer à la citoyenneté
Au tableau, citoyens !
Instruire sur la citoyenneté à l’école est un défi pour apporter une formation qui réponde aux enjeux contemporains.
Enseignement moral et civique (EMC), formation à l’esprit critique, vie scolaire démocratique… Instruire sur la citoyenneté à l’école est aujourd’hui un défi à relever pour apporter une formation qui répond aux enjeux contemporains pour les élèves.
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », peut-on lire dans le premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen rédigée et adoptée en 1789. La citoyenneté est un concept qui englobe à la fois les droits et les devoirs des citoyens et qui façonne leur participation à la vie démocratique. Héritée de la Révolution française, cette notion s’inscrit dans le programme scolaire des petits français à partir de 1984 sous la présidence de François Mitterrand. L’éducation civique vise alors à enseigner les valeurs démocratiques, les droits et devoirs des citoyens ainsi que le fonctionnement des institutions françaises.
En septembre 2015, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, le désormais Enseignement Moral et Civique est introduit comme une discipline à part entière, sous la présidence de François Hollande. L’EMC est principalement dispensée par les enseignants d’histoire-géographie. Depuis l’école primaire jusqu’à la fin du lycée, trois objectifs pour le ministère de l’Éducation nationale : le premier, « Respecter autrui », le deuxième, « Acquérir et partager les valeurs de la République » et le troisième « Construire une culture civique » qui s’élargit aux institutions européennes.
Enjeux politiques
L’éducation civique a des racines profondes dans l’histoire de la Troisième République et est intimement liée à la construction de la laïcité française. La Troisième République a été marquée par une période de profonds changements politiques, sociaux et éducatifs en France. L'une de ses principales missions était de promouvoir les idéaux républicains et de consolider la nation française après les turbulences de la période précédente.
Dans ce contexte, l'éducation civique a été promue comme un moyen de former des citoyens conscients de leurs droits et devoirs. L'école républicaine a été conçue comme un instrument de diffusion des valeurs républicaines, telles que la liberté, l'égalité et la fraternité, ainsi que la laïcité, considérée comme un principe fondateur de la République. L’intégration de l’éducation civique dans les programmes scolaires a été marquée par plusieurs enjeux politiques au fil du temps notamment autour des matières à inclure dans les programmes. Mais c’est aussi l’orientation idéologique qui a suscité des controverses.
En mettant l'accent sur des notions telles que le respect, la tolérance et la solidarité, l’éducation civique en France a été associée à des leçons axées sur les valeurs morales. Le rôle de l’État dans ces enseignements et l’engagement politique des élèves ont aussi été sources de débats.
Au cœur des préoccupations de l’Éducation nationale
En octobre 2021, un rapport de la Cour des comptes sur la formation à la citoyenneté déplorait que « le cloisonnement disciplinaire freine la pluridisciplinarité qui nécessite un temps de concertation entre professeurs et l’appropriation du parcours citoyen par l’ensemble des enseignants. » Début d’année 2024, le président Emmanuel Macron a annoncé lors d’une conférence de presse que « l’instruction civique sera refondée » et le volume d’heures de la matière doublé de la 5e à la 3e.
L’ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Pap Ndiaye a précisé les 3 axes de cette refonte lors d’une conférence de presse en juin 2023 : « la transmission des valeurs de la République, l’éducation aux médias et à l’information et la transition écologique et l’éco-citoyenneté. » Il ajoute que « cette nouvelle ambition portée pour ce temps d’enseignement vise à répondre aux grands enjeux et aux défis que traverse notre société. »
Le Syndicat national des enseignements de second degré, quant à lui, s’inquiète du manque de moyens alloué pour ce doublement horaire. Pour le syndicat « l’éducation à la citoyenneté ne doit pas s’apparenter à l’exposé frontal de valeurs désincarnées, mais être vécue concrètement dans les classes et les établissements, par des pratiques émancipatrices et des savoirs vivants. ».
Cette matière qualifiée d’« essentielle » par le président voit son importance reconnue unanimement par les parents, les syndicats et les enseignants. En revanche, c’est sa mise en œuvre qui fait débat, en cause un manque de formation des enseignants.
Et dans les autres pays, comment l’éducation civique est-elle enseignée ?
Parmi les modèles internationaux, la Suède se distingue en se classant deuxième dans une étude internationale sur la citoyenneté tandis que la France obtient quant à elle la moyenne. Souvent citée comme exemple, la Suède accorde une importance capitale à la formation de citoyens conscients et engagés dans une société démocratique, en favorisant une approche interdisciplinaire, la participation active des élèves et la valorisation de la diversité.
En Norvège également, l’éducation morale et civique est intégrée dans le cursus scolaire à travers des matières où les élèves apprennent à comprendre les droits de l’Homme et les enjeux sociaux contemporains. L’accent est aussi mis sur la résolution des problèmes ou encore la prise de décision démocratique. Si former à la citoyenneté est un objectif partagé, sa mise en pratique repose donc sur un environnement éducatif propice et sur le déploiement de moyens humains et matériels adéquats.
Chiffres clés :
Pour aller plus loin :
Un pas de côté :