Prévenir plutôt que guérir, notre analyse systémique
Les 5 passages à risque d'une scolarité ordinaire
En France, les jeunes d’origine modeste disparaissent au fil des années d'études. Ils ont deux fois moins de chance de trouver un emploi que leurs condisciples plus fortunés. La France est l’un des pays de l’OCDE où le capital linguistique, social et culturel hérité à la naissance détermine le plus fortement l’avenir. Même si l'éducation constitue le levier le plus efficace pour réduire les inégalités et relancer la mobilité sociale, l'école ne peut pourtant à elle seule, compenser toutes les inégalités sociales, territoriales et culturelle. Des associations de terrain agissent à ses côtés pour permettre la réussite des élèves les plus vulnérables, tout au long de leur cursus de la petite enfance jusqu'à l'insertion professionnelle.
Moment charnière n°1 : l’acquisition des fondamentaux (entre 5 et 7 ans)
L’acquisition des fondamentaux (vocabulaire, lecture, écriture, calcul) se joue de la grande section de maternelle jusqu'au CE1. C’est le premier moment charnière et aussi le plus critique. Si les fondamentaux sont fragiles, notamment la lecture, il en découlera de nombreuses difficultés qui s’aggraveront à l’arrivée au collège : vocabulaire pauvre, compréhension limitée des énoncés, dans toutes les matières et expression écrite insuffisante. Voilà comment on arrive, quelques années plus tard, à ce qu'un jeune sur dix, âgé de 16 ans maîtrise très mal la lecture.
Pour ce passage, on estime à 430 000 le nombre d'enfants à risque chaque année
* Source Éducation nationale / Note d'Information n° 20.20, juin 2020
Moment charnière n°2 : la perte de motivation au collège
À son entrée au collège, le jeune se voit doté d'une autonomie jusqu’alors inconnue. Cela peut exacerber le besoin d’affranchissement propre à la puberté. Il passe d’une scolarité encadrée par un seul enseignant qui le connaît bien à une multiplicité de professeurs auxquels il va devoir s’accoutumer rapidement. Cette période est propice au relâchement et à la démotivation.
Moment charnière n°3 : la difficulté à se projeter dans l’avenir à la fin du collège
En classe de 3e, l’adolescent se découvre de nouvelles compétences qu’il ne peut pas forcément mettre en valeur dans le cadre scolaire. Il aspire alors à d’autres approches qui vont au-delà du collège. Parfois, très ancré dans le moment présent, il a du mal à se projeter dans un monde inconnu qui lui fait peur : celui de la vie professionnelle dans lequel il va devoir pourtant s’imaginer.
Pour les passages 2 et 3, 570 000 collégiens risquent chaque année de décrocher.
Moment charnière n°4 : les choix d’orientation au lycée
Tout au long du lycée, le jeune est confronté à de nombreux choix déterminants pour son avenir : filière générale, technologique ou professionnelle, choix de ses options en classe de seconde, choix de ses dominantes en classes de 1ère et Terminale, choix de formations supérieures sur Parcoursup… Face à ces choix successifs, la peur de se projeter peut devenir paralysante.
2 270 000 lycéens à risque chaque année, pour cette tranche d'âge
Moment charnière n°5 : la précipitation (dans le supérieur)
Les études supérieures constituent un moment clé dans la prise d’autonomie de l’adulte qui va faire des choix importants le conduisant à sa future vie professionnelle. Lâché trop rapidement dans le monde professionnel, il peut facilement se sentir seul et perdu dans un système de prise de décisions dont l’impact aura une importance cruciale dans sa vie future. Pour évaluer le risque de décrochage à cette étape, de nombreux critères rentrent en compte (précarité financière, alimentaire, logement, pressions familiales…).
90 000 étudiants sortent de l’enseignement supérieur sans diplôme chaque année.
A chaque moment, les associations éducatives jouent un rôle décisif
Dans 80 % des cas, l’école suffit à l'épanouissement des jeunes. Pour les 20 % restants, souvent issus de milieux modestes, elle ne suffit pas et un accompagnement spécifique est indispensable pour passer les cinq caps décisifs qui jalonnent leur parcours scolaire.
C’est le rôle des grandes associations éducatives. Souvent méconnues du grand public, elles constituent pourtant le quatrième pilier de l’éducation aux côtés des enfants, des parents et des professeurs. Elles accompagnent aujourd’hui des centaines de milliers de jeunes. Grâce à leurs approches éducatives éprouvées, elles constituent pour eux un filet de sécurité essentiel.
Elles font appel à une variété de modes d’action, du soutien scolaire, au mentorat en passant par l’initiation à l’entrepreneuriat. Elles œuvrent auprès d’élèves de tous âges avec un objectif unique : donner à tous les jeunes les mêmes chances de réussite. Elles agissent en prévention auprès des jeunes fragiles plutôt qu’en remédiation après la rupture. Elles constituent un antidote essentiel au décrochage scolaire.