Le Contrat d’Engagement Jeune
Pour en finir avec les petits boulots
Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) peut vraiment donner une nouvelle chance aux jeunes sans emploi ni formation pour sortir de la spirale des emplois précaires. Il offre un accompagnement personnalisé, un soutien adapté et des formations qualifiantes.
Le Contrat d’engagement Jeune (CEJ) en vigueur depuis le 1er mars 2022 touche 1,5 millions de jeunes de 16 à 25 ans (ou 29 ans lorsqu’ils sont travailleurs handicapés), qui ne sont ni en emploi, ni en études ni en formation. Ce sont ces jeunes que l’on appelle les NEETS, selon l’acronyme en anglais Not in Education, Employment or Training. Ces jeunes représentent 12,9% de la jeunesse de 15 à 29 ans en France. (note de l' INSEE sur les Neets)
Ce dispositif, qui fait suite à la Garantie Jeunes, propose une batterie de modes d’accompagnement personnalisés pour les soutenir dans leur parcours d’insertion professionnelle, de 15 à 20 heures d’activité par semaine et s’assortit d’un revenu de 528 euros par mois pour les plus démunis.
Les premiers échos montrent que certains jeunes préfèrent toujours des jobs précaires. Ils disent gagner en deux semaines ce que le CEJ propose pour un mois. Nous pensons à l’inverse que le CEJ donne une nouvelle chance à ceux qui ont perdu espoir au terme d’un parcours scolaire chaotique
Une nouvelle chance pour ceux qui pensent n’en avoir eu aucune
Le CEJ permet au jeune NEET de sortir de plusieurs précarités : précarité psychologique en raison de son isolement, précarité matérielle en matière de logement, de mobilité, précarité des petits boulots sans perspectives.
Notre étude « Dans la tête d’un décrocheur » est très révélatrice : 57% des NEETS confient leur peur d’échouer, 50% déclarent avoir le sentiment d’avoir été abandonnés du fait du manque de soutien, 64% des femmes parlent d’angoisse quand elles évoquent leur parcours scolaire et un sur deux disent manquer d’estime en eux. Ces jeunes ont plus que d’autres, besoin d’un cadre bienveillant, d’être entourés et accompagnés, pour certains, psychologiquement afin de rompre avec le tunnel d’émotions négatives qu’ils traversent depuis trop longtemps.
Résultat de ces précarités : 70% de ces jeunes quittent l’école pour trouver un emploi rémunéré, le plus souvent un petit boulot. Ces jeunes décrocheurs ont le sentiment que l’école ne leur sert à rien et ils se lancent sans formation ou diplôme dans la vie active. Entrant dans la spirale des petits jobs précaires, ils sont un sur deux à regretter l’école, et à 85% se disent pessimistes pour leur avenir.
L'étude « Dans la tête d’un décrocheur » dit que 32% des NEETS ont connu un redoublement en classe en primaire en raison d’une mauvaise acquisition des fondamentaux. Les garçons au collège sont un sur quatre à avoir connu d’importants problèmes de comportement. 48% des NEETS qui ont décroché au lycée et 29% dans l’enseignement supérieur, l’ont fait en raison d’une mauvaise orientation.
Se remettre sur des rails
La Fondation AlphaOmega défend chaque jour avec toute son énergie, les associations éducatives agissant en prévention du décrochage scolaire aux moments charnières où l’élève risque de perdre pied. Mais seulement, un jeune sur quatre a pu être accompagné par une association. Malheureusement, quand le jeune a déjà décroché, il faut recourir à la remédiation dont l’articulation avec sa situation précaire, est à la fois cruciale et plus complexe.
Le CEJ au sein des missions locales ou de Pôle Emploi s’articule autour de trois axes : des formations préqualifiantes ou qualifiantes pour reprendre les fondamentaux et acquérir des compétences pour s’insérer professionnellement, des activités collectives pour intégrer des comportements compatibles avec le travail d’équipe, et enfin des expériences d’immersion et des stages pour trouver son orientation.
Toutes ces activités doivent permettre au jeune de revenir sur son expérience négative à l’école afin de pouvoir aborder le monde professionnel débarrassé du sentiment de déclassement qu’il a pu connaître avec les petits boulots précaires.
L’objectif est de lui redonner la possibilité de choisir une nouvelle voie, d’avoir des perspectives, de retrouver le contrôle de sa vie. Car insérer un jeune décrocheur, ce n’est pas faire correspondre un jeune à une offre d’emploi. C’est augmenter l’employabilité de ce jeune tant en termes de stabilité psychologique et de conditions de vie que de compétences et de savoirs-être.
J’insiste ici auprès des jeunes : ne préférez pas le court au détriment du moyen terme. La polémique sur le conditionnement d’un revenu à 15-20 heures d’activité par semaine nous semble être un raccourci faisant l’impasse sur le contenu des activités.
Jugeons le Contrat d’engagement jeune sur ce qu’il propose, il peut vraiment faire la différence.
Elisabeth Elkrief, directrice générale de la Fondation AlphaOmega
Contrat d’engagement jeune : quatre bénéficiaires témoignent, un document du Ministère du Travail
https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/contrat-d-engagement-jeune-quatre-beneficiaires-temoignent
« Les ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en France : un défi qui reste à relever » par l’économiste Bernard Gazier https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/08/21/les-ni-en-emploi-ni-en-etudes-ni-en-formation-neet-en-france-un-defi-qui-reste-a-relever_6186039_1698637.html
Une note de la Banque des Territoires sur les NEETS https://www.banquedesterritoires.fr/decrochage-la-part-des-neets-chez-les-jeunes-repasse-sous-les-12
Les jeunes ni en études, ni en emploi, ni en formation (NEET) : quels profils et quels parcours ? Une étude du Ministère du Travail
https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/pdf/2020-006_da__les_neet_profils_parcours.pdf