Chaque année entre 80 et 100 000 jeunes de 15 ans et plus quittent le système scolaire sans diplôme. Sans aucune formation, leurs perspectives sont sérieusement réduites. Jugez plutôt : 10% des jeunes de 16 ans ne maîtrise pas la lecture ni les opérations élémentaires de calcul. Je vous laisse imaginer leurs chances d'insertion professionnelle.
Chaque année, ces jeunes décrocheurs viennent donc grossir le million et demi de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni en emploi. Pour ceux-là, il va falloir mettre en œuvre toutes sortes de mesures d'accompagnement. C’est ce qu'on appelle la remédiation. Le coût de ces mesures est proprement astronomique : 230 000 euros par jeune sur la durée de son accompagnement. Malgré ces moyens engagés, les résultats sont très aléatoires. Il y a certes la possibilité de suivre des formations, d'acquérir des compétences permettant une insertion, mais les perspectives sont sombres.
Après 3 ans, un décrocheur sur deux est au chômage ou assisté. Et si un décrocheur sur deux finit bien par trouver un emploi ; cet emploi est le plus souvent précaire, mal payé, sans garantie, ou sans réelle perspective d'évolution. Alors comment devient-on décrocheur ? Il n’existe pas un type de décrocheur mais bien plusieurs. Quant au décrochage, il est l’aboutissement d’un long processus de désengagement de l’école. Les raisons en sont diverses. Et le décrochage survient à des moments-clés.
On distingue trois grandes causes du décrochage :
- La mauvaise maîtrise des fondamentaux que sont la lecture,
- l’écriture,
- le calcul.
Il faut savoir qu'un enfant sur trois arrive en 6e avec un niveau très faible. Le harcèlement à l’école. On considère que deux élèves sur dix fuient l'école pour cette raison ! L’orientation subie qui résulte de l’inscription dans une filière professionnelle ou technologique ne correspondant pas aux réelles aspirations de l’adolescent. Le résultat est sans appel : 60% des décrocheurs quittent l’école très rapidement après une mauvaise orientation.
Le décrochage concerne surtout les jeunes de milieux modestes sur lesquels pèsent des conditions de scolarités défavorables :
- Le manque de mixité sociale des élèves ;
- Le manque de moyens matériels ;
- Le manque d’expérience des enseignants affectés en zones prioritaires.
Enfin, le décrochage est aussi une affaire d'origine géographique et de genre.
Sur le plan géographique :
On décroche plus dans certaines académies comme Lille, Amiens, la Corse et l’Outre-mer, autant de régions connues pour leurs difficultés sociales et économiques. On y trouve moins de formations et aussi un marché du travail beaucoup moins dynamique.
Sur la question du genre :
Les filles décrochent moins que les garçons (40% contre 60%), mais pour celles qui ont déserté l'école, les conditions professionnelles s’annoncent bien plus compliquées que pour les garçons. Elles trouveront surtout des CDD ou du temps partiel, seront moins bien payées que les hommes et auront moins de perspectives.
Et nous n'avons parlé ici que du décrochage scolaire au sens de l’Éducation nationale, c'est-à-dire les jeunes qui quittent le système sans BAC ni CAP. Mais cela ne s’arrête pas là. Il nous faut également évoquer le décrochage post-bac, beaucoup plus discret mais pas moins massif.
En 2017, il concernait 97 000 jeunes abandonnant leurs études supérieures parce que mal orientés, mal accompagnés matériellement ou découragés par l’offre de formation.