Classements internationaux

Redonner aux jeunes Français la bosse des maths

La France est dans les derniers de la classe en maths. Mais, cette mauvaise note n’est pas une fatalité. Au-delà des actions du gouvernement, les associations peuvent renforcer les compétences en maths et faire la différence, surtout pour les enfants les plus défavorisés.

Le verdict est tombé : les jeunes Français sont de plus en plus mauvais en maths. Ils sont les derniers dans le classement international TIMSS 2019 avec la Turquie, la Roumanie et la Nouvelle-Zélande selon l'étude CEDRE 2008-2014-2019 publiée en septembre 2020.

Cette chute se confirme depuis 2008 et elle s'est même accentuée. Ces résultats qualifiés d’inquiétants » par le Ministère de l’Éducation nationale ont donné lieu à d'importantes réformes de l'enseignement des mathématiques. Mais il faudra du temps pour en voir les premiers effets. La dernière réforme, dite Plan « Villani-Torossian » de 2018, qui renforce la formation continue des professeurs ne portera pas ses fruits avant la prochaine évaluation en décembre 2024.

Aucune fatalité

Plusieurs éléments expliquent ce faible niveau des élèves français : la formation des enseignants, leur affectation, l’attrait du métier alors qu’une formation en mathématiques ouvre des carrières mieux reconnues et rémunérées…

Des questions se posent aussi sur les programmes, leurs ambitions, le fait qu’ils nécessitent souvent pour être assimilés l’aide des parents ou d’autres soutiens scolaires au risque d’aggraver les inégalités sociales.

Il n’y a aucune fatalité à ce déclin. Mais, rattraper ce retard reste un défi qui mérite une large mobilisation.

Ainsi, l’Angleterre (517 points) longtemps en mauvaise position depuis 1995 avait rattrapé son retard et s’était hissée au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE de 515 points rejoignant le groupe de tête dominé par la Corée du Sud et le Japon. La France avec 489 points se retrouve au fond de la classe avec le Chili.

L’exemple anglais

En Angleterre, l’EFF (Education Endowment Foundation), une association attachée à améliorer le niveau d'instruction des élèves les plus démunis a entrepris un important travail de formalisation et d’évaluation des bonnes pratiques d'enseignement. Cette approche met en avant 8 pratiques validées : utiliser les évaluations pour comprendre l’état des connaissances et comment l’élève comprend les problèmes, manipuler des objets physiques et recourir aux représentations comme étape avant de passer à l’abstraction, enseigner des stratégies de résolution de problèmes, permettre à l’élève à développer et mobiliser ses outils mathématiques, lui permettre de développer son autonomie et sa motivation, choisir ses outils mathématiques pour répondre à une problématique, faire participer les élèves de manière guidée, être vigilant sur la transition entre le primaire et le collège.

Pour nous, Fondation qui soutenons les sept plus grandes associations éducatives accompagnant les élèves issus de milieu modeste, nous pouvons partager l’expérience de ces acteurs éducatifs.

Une ingénierie pédagogique

Pour les actions de prévention précoce, dès l'acquisition des fondamentaux - base pour lutter contre de futurs décrochages, l'association Coup de Pouce a ainsi développé une ingénierie pédagogique pour le renforcement des compétences en mathématiques pour les très jeunes élèves (CP, CE1.

Coup de Pouce dresse ce bilan :

  • Comprendre les énoncés de problèmatiques représente une suite d’obstacles pour les enfants issus de milieu modeste plus fréquemment pénalisés par leur formulation que les autres.
  • Pratiquer certains jeux (dames, échecs, petits chevaux, cartes), est plus fréquent dans les milieux aisés. Cela permet aux enfants de développer des compétences transverses.
  • Maîtriser le langage, bien connaître les nombres avant de commencer les additions ou les multiplications, manipuler des objets réels comme un boulier,… ou encore rendre une situation concrète pour poser un problème mathématique, représentent des étapes trop souvent considérées comme acquises alors qu'elles ne vont pas de soi.
  • Acquérir les outils préalables à la bonne compréhension des énoncés est d’autant plus nécessaire que ceux-ci se compliquent au collège et plus tard.
  • La majeure partie du temps d'un enfant, se passe hors de l'école. Ce qu'il s'y passe ou pas a des effets majeurs sur le développement de ses capacités. Les clubs CLEM, apportent aux enfants ce qu'ils n'abordent pas en classe : jouer, manipuler, dédramatiser le problème pour se concentrer sur la matière mathématique.

Nous retrouvons à travers l’analyse de Coup de Pouce, certaines pratiques énoncées par l’EFF comme la prise en compte de la compréhension de l’enfant, de l’usage d’outils et d’objets physiques avant d’aborder l’abstraction, mais aussi l’appropriation des maths comme un outil pour résoudre des problèmes. Les associations complémentaires de l’Education Nationale avec lesquelles nous travaillons, et qui apportent un soutien actif aux enseignants, aux enfants et à leur famille, sont des acteurs indispensables qui méritent d’être davantage reconnus et pris en compte dans l’élaboration des évolutions et réformes de l’Education nationale !

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