Les cours contre la montre 

Comment organiser le temps d’apprentissage 

Des grandes vacances trop longues pour certains, des petites vacances trop nombreuses pour d’autres. Des semaines trop courtes pour certains, des jours fériés trop nombreux pour d’autres. Les rythmes scolaires font l’objet de débats constants. Est-il possible d’aboutir à un consensus ? 

enfant endormi sur sa table d'écoleCombien d’heures un enfant devrait-il passer à l’école ? Comment répartir ces heures de classe ? Au cours des dernières décennies, les experts de l’éducation ont alternativement proposé de repenser les journées, les semaines ou les années des écoliers pour optimiser le temps de l’apprentissage. 

En 2023, le président Macron a suggéré d’avancer la rentrée scolaire au 20 août afin de réduire les vacances d’été. Trop longues, elles accentueraient les inégalités sociales entre les élèves : si les plus favorisés peuvent compter sur le soutien de leurs familles pour consolider leurs connaissances, les autres verraient leur niveau scolaire reculer. Pourtant, les grandes vacances des petits Français ne durent pas plus longtemps qu’ailleurs. Avec ses 8,2 semaines, la France se situe plutôt dans la fourchette basse des pays de l’OCDE. C’est plus que la Suisse (5 semaines) et l’Angleterre (6) mais moins que l’Autriche (9), l’Espagne (11) ou l’Italie (12). Au total, l’école française est parmi les plus généreuses en congés au sein de l’OCDE. Cela s’explique par la durée des "petites" vacances qui coupent les apprentissages quatre fois l’an et les nombreux jours fériés. Pour la spécialiste de la chronobiologie enfantine Claire Leconte, ces ruptures du rythme scolaire auraient pour effet de "désynchroniser" l’enfant. Il y a aussi une autre conséquence à la multiplication des vacances et jours fériés : il faut allonger les journées pour conserver le même nombre d’heures de cours. Cela mettrait à mal les capacités de concentration des enfants, préviennent les spécialistes. 

Mettre les enfants au centre de la réflexion 

Les vacances ne sont pas la seule variable d’ajustement. L’organisation de la semaine scolaire a fait l’objet de débats houleux et de trois réformes entre 2008 et 2017. Les 24 heures de cours obligatoires doivent-elles être réparties sur 4 jours pleins ou sur 9 demi-journées, réparties sur 4,5 voir 5 jours ? Si aujourd’hui, la semaine de 4 jours s’est généralisée, elle reste vivement critiquée par certains spécialistes. En 2010 déjà, un rapport de l’Académie nationale de médecine (Aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant, Yvan Touitou, Pierre Bégué) concluait que la semaine de 4 jours n’était pas "favorable à l’enfant" et invitait à mettre ce dernier au centre de la réflexion. 

Car ce n’est que très récemment (depuis les années 1980) que le développement de l’enfant est pris en considération pour trancher ces questions. Au cours du XIXème siècle, vacances d’été ont été prolongées pour permettre aux enfants privilégiés de profiter de leurs résidences secondaires, comme le rappelle l’historien Claude Lelièvre. Il note aussi que les intérêts du lobby touristique ont peu à peu pesé sur l’organisation du calendrier scolaire. L’école moderne doit encore composer avec les intérêts et les contraintes des adultes : parents, enseignants, municipalités… 

Suffit-il alors de centrer le débat autour des premiers concernés ? Le passage de la théorie à la pratique s’avère plus épineux que prévu. Deux rapports (publiés respectivement par l’IGEN en 2015 et la DEPP en 2017) échouaient à établir l’impact positif du retour aux semaines de 4,5 jours. Difficile, sans preuve à l’appui, de faire entendre la parole des experts lorsqu’on sait que la semaine de 4 jours réduit sensiblement la charge budgétaire pour les communes. 

Si les résultats des études sur l’efficacité ou non d’une réorganisation du calendrier scolaire sont difficiles à interpréter, l’économiste Philippe Askenazy souligne, dans une récente tribune, la nécessité de repenser l’école dans son ensemble et de lui accorder plus de moyens. De quoi octroyer à tous des vacances vraiment enthousiasmantes... et bien méritées. 

Les dernières réformes :

  • En 2008, les heures d’apprentissage en école primaire passent de 26 à 24 heures. La semaine de 4 jours est instaurée. 

  • En 2013, on repasse à la semaine de 4,5 jours, les journées scolaires sont raccourcies.

  • En 2017, un nouveau décret laisse aux communes la liberté d’adopter la semaine de 4 jours ou 4,5 jours. 

Chiffres clés :

  • L’année scolaire française dure 36 semaines, soit 2 de moins que la moyenne de l’OCDE. 

  • La journée d’enseignement en France compte 5 heures 30 maximum pour les écoliers.

  • Les écoliers français suivent en moyenne 4 320 heures de cours par an au primaire contre 4 590 dans l’OCDE. 

  • À la rentrée 2018, 87% des communes disposant d'une école publique avaient déjà choisi de retourner à la semaine de 4 jours. 

Pour aller plus loin :

 Et à l’international ?

Le chapitre « Combien de temps les élèves passent-il en classe » dans Education at a Glance 2021, OECD Indicators, Éditions O