Discrimination positive aux USA

La Cour Suprême dit stop…

La Cour Suprême des Etats-Unis a décidé le 29 juin dernier d’interdire la discrimination positive à l’entrée des universités fondée sur la "race", (terme usité aux Etats-Unis), mettant fin à des décennies de politiques d’ "affirmative action" destinées à ouvrir aux noirs et dans une moindre mesure, aux hispaniques, les institutions les plus réputées du pays.

L’arrêt statue que la discrimination positive est contraire à l’article 14 de la Constitution qui interdit toute discrimination fondée sur la "race". En d’autres termes, les autres "races" sont discriminées si les noirs sont discriminés positivement.

Le  juge John Roberts, président de la Cour écrit que « beaucoup d'universités ont considéré, à tort, que le fondement de l'identité d'une personne n'était pas les compétences acquises ou les leçons apprises, mais la couleur de sa peau. Notre histoire constitutionnelle ne tolère pas cela ». Cette décision a été acquise à une majorité de 6 voix contre 3 par les membres de la Cour Suprême, dominée depuis la présidence de Donald Trump par des juges très conservateurs.

Une plainte déposée au nom des étudiants d’origine asiatique

Cet arrêt répond à une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des États-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord.

À la tête d'une association baptisée "Students for fair admission", un militant néoconservateur, Edward Blum, accuse ces universités de discriminer les étudiants asiatiques. Ces derniers, qui ont des résultats académiques nettement supérieurs à la moyenne, seraient admis en plus grand nombre si leurs notes étaient le seul critère de sélection.

La décision de la Cour n’a pas provoqué de vagues de contestation dans le pays qui depuis des années s’interroge sur le bien-fondé et l’efficacité de l’affirmative action. Déjà, neuf Etats dont six par référendum, avaient mis fin à la discrimination positive. La Cour Suprême, elle-même, avec une majorité progressiste avait en 2003 estimé que l’affirmative action avait vocation à disparaître.

Une innovation de JFK

La discrimination positive avait été lancée par le président Kennedy puis par son successeur Johnson au nom de la « nouvelle société », qui devait être plus inclusive et plus égalitaire. 

La question qui n’avait jamais été tranchée était de savoir si l’affirmative action servait de réparation à l’esclavage et aux discriminations dont ont été victimes les noirs ou à améliorer la diversité dans les universités uniquement blanches depuis des décennies.

Ce débat remonte aux sources même de l’histoire du pays

Ainsi, un professeur de linguistique d’une université renommé, lui-même afro-américain, John McWhorterdéfend la décision de la Cour Suprême : « Il convient de savoir pendant combien de temps on considère que le fait d’être Noir justifie labaissement des normes dadmission dans les universités d’élite ». Dans une tribune au New York Times, il reconnaissait avoir obtenu ses premiers postes universitaires parce qu’il était noir alors que d’autres candidats, blancs, étaient plus compétents que lui.

Les inégalités sociales

Plusieurs universités dans les Etats où la discrimination positive était déjà interdite avaient trouvé moyen de mieux accueillir les étudiants les plus défavorisés et les membres des minorités ethniques, sans recourir explicitement à l’affirmative action, en prenant compte les quartiers où ils avaient été éduqués dans le secondaire ou les écoles où ils étaient allés, y compris, dans un Etat très conservateur comme le Texas.

Pour aller plus loin

L’arrêt de la Cour Suprême américaine 

Sur l’arrêt de la Cour Suprême, un article du Conseil constitutionnel français

Les exemples français sur l’amélioration de la diversité à l’école