Des progrès depuis 1970 mais en décrochage - surtout depuis 1990. Telles sont les conclusions dans un article de The Conversation de deux chercheurs qui ont pris leur calculatrice pour mesurer l'évolution du niveau scolaire en France depuis 50 ans. Même si la progression de la France est au-dessus de la moyenne des pays développés (+50 points contre +31 points), son classement reste décevant. Le décrochage est particulièrement net en mathématiques. Selon Claude Dibolt, directeur de Recherche au CNRS et Nadir Altinok, de l’université de Lorraine, «  force est de constater que l’école française n’est pas la meilleure école du monde ».

L’étude qui date de janvier 2023, intitulée « Bref retour cliométrique sur 50 ans de performances scolaires en lecture et en mathématique en France : 1970-2020 » montre que certains pays du sud comme l'Espagne et l'Italie ont également du mal à redresser le cap tandis que le Portugal a connu un véritable boom éducatif. Un pays comme la Finlande qui était à la 14e place en 1970 atteint à présent la 1ère place. La Finlande est aujourd’hui la référence. Le Royaume-Uni se maintient depuis 50 ans dans le trio de tête.La France stagne à la 18 ème place.

 

Un métier peu valorisé

Comment peut-on expliquer de mauvais classement. L’Education nationale a bien sûr entrepris ces dernières années un ensemble d’actions pour endiguer le phénomène. Comme les nombreuses réformes qui ont fait passer le nombre de décrocheurs de 140 000 en 2012 à 80 000 début 2020, le plan Mathématique de Cédric Villani en 2017 pour apporter une meilleure formation aux professeurs des écoles issus de formation littéraire, le dédoublement des classes en primaire initié par Jean-Michel Blanquer.

Régulièrement, l’OCDE mène une enquête dite TALIS auprès d’un large échantillon de pays à laquelle la France a participé en 2013 et 2018, et dont la prochaine est prévue pour 2024. Ces études permettent de  voir où se situent les enseignants français et de comparer les approches pédagogiques françaises par rapport aux autres pays de l’OCDE. 

Il apparaît que le métier d’enseignant est peu valorisé en France, surtout en comparaison de la Finlande, du Royaume-Uni ou du Portugal. La profession pâtit de salaires à 16% inférieurs à la moyenne de ceux des professeurs de l’OCDE mais également inférieurs à la moyenne des salariés du tertiaire. 

L’enquête montre que dans tous les pays, la profession d’enseignant est de plus en plus complexe : outre l’enseignement, les professeurs sont attendus dans l’animation de classe, le développement personnel des enfants, en psychologie, citoyenneté, gestion administrative, conseils, interaction avec les parents ; et la liste s’allonge à chaque nouvelle réforme en France …

La formation incomplète des enseignants

Pour répondre à de telles attentes, les enseignants en France sont peu armés. La formation initiale des professeurs est souvent réduite au seul apprentissage d’une discipline. Quant à la formation continue, la France enregistre 20 points d’écarts avec les autres pays pour les formations à fort impact comme le coaching, les cours, les séminaires.

Pour ce qui relève de l’enseignement des mathématiques au niveau élémentaire, cette carence a un impact considérable. Les professeurs des écoles proviennent majoritairement des filières sciences humaines ou littéraires et ils ne sont pas nécessairement à l’aise avec les mathématiques. Et, les parents ne peuvent pas toujours être présents pour résoudre cette carence. Cette déficience peut expliquer la baisse du niveau en élémentaire depuis les années 90 et en conséquence l’aggravation des écarts de niveaux entre les enfants de milieux aisés et ceux de milieux modestes.

 L’enquête TALIS montre aussi un manque de compétences pour l’aider les élèves aux besoins particuliers. En Finlande, les enseignants les plus expérimentés s’occupent des élèves les plus en difficulté. En France, ce sont les primo-enseignants qui commencent par les établissements où les élèves ont le plus de difficultés…

Que faire pour enrayer cette baisse de niveau

Il apparaît clairement que le temps de formation continue des enseignants doit être augmenté drastiquement, ce qui nécessite des adaptations dans leur emploi du temps annuel. Les ressources pédagogiques d’organismes comme le Réseau Canopé sont de grande qualité et mis à la disposition de tous. Leur recours devrait être davantage préconisé dans les plans de formation.

Il nous semble qu’il faut également promouvoir l’action d’associations éducatives qui accompagnent avec succès les enseignants dans leur pratique pédagogique, mais aussi celles qui introduisent des pédagogies alternatives qui ont fait leur preuve pour les besoins particuliers des élèves. 

Ces progrès tellement nécessaires passeront par une meilleure convergence entre les pouvoirs publics et les associations éducatives.

 

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