En finir avec le harcèlement

Tout peut changer…

Le harcèlement serait-il une fatalité inexorable liée à toute vie en groupes et particulièrement groupes d'enfants ?  Rien n'est moins sûr.  Alors que le phénomène fait de nombreuses victimes, des solutions réelles existent pour lutter efficacement contre CE problème.

Le harcèlement est un phénomène international 

Un enfant ou jeune sur sept en Europe – un sur dix en France – serait touché. Les études estiment que le taux de harcèlement le plus important se situe en primaire avec une fourchette de 5 à 15% des enfants, et diminue vers une fourchette de 3 à 10% à l’adolescence. Le harcèlement est davantage physique dans les petites classes, et plutôt verbal et vexatoire au collège et au lycée. Les filles et les garçons harcèlent de manières différentes. Rumeurs et isolement du groupe social chez les premières, brimades physiques chez les seconds. A cela s’ajoute le cyberharcèlement. 20% des enfants et de jeunes en auraient été victimes. Le phénomène commence tôt car c’est en général à partir de dix ans que les enfants reçoivent leur premier téléphone portable puis s’inscrivent sur des réseaux sociaux : 3 enfants sur 10 en primaire ont un compte sur au moins un réseau social, 7 sur 10 au collège et 9 sur 10 au lycée. Dans la plupart des cas, ces cyberharcèlements sont liés à des motifs de vengeance ou de jalousie. 

Le harcèlement est invisible

Les drames s’y jouent à bas bruit. Il s’agit d’un fléau complexe car il prend racine dans un environnement composé d’un ensemble d’interactions. Beaucoup d’adultes ne perçoivent pas les signaux faibles dans l’immédiat comme les troubles du sommeil, de l’alimentation, les changements brusques de caractère, ou à une irritabilité de plus en plus récurrente. En parallèle de l’apparition de ces nouveaux comportements peuvent surgir une chute des résultats sur le plan scolaire, des retards répétés à l’école, voire le refus de retourner en classe. Aujourd’hui encore, les victimes sont trop peu prises en charge. A la fois pour être protégées des harceleurs et accompagnées dans leur rémission psychologique. Or, sans intervention, les conséquences d’un harcèlement pour un enfant peuvent être très graves et aller jusqu’au suicide.

Le harcèlement n’est pas une fatalité

Des méthodes de prévention ont été développées dans plusieurs pays anglo-saxons. Le principe : rappeler en début dannée des règles simples de vie en collectivité où toute forme de violence est prohibée, reconnaître les différences de chacun et valoriser les talents individuels. En complément, les élèves répondent à un questionnaire anonyme et participent à des discussions collectives autour du concept de harcèlement et des situations de harcèlement. Dans un deuxième temps, des vidéos sont projetées pour approfondir la discussion. Ensuite, des jeux de rôle menés en groupe aident les jeunes à prendre conscience du ressenti face au harcèlement, que lon soit harcelé, harceleur ou spectateur. Enfin, des règles de vie sont établies collectivement sur cette base et signées par chaque élève. Lidée centrale de ce déroulé est de développer lempathie chez les jeunes. La mise en place dun tel système nécessite la formation des professeurs en charge de lappliquer. Une voie à suivre pour la France qui connaît en ce moment une nouvelle impulsion de son programme pHAre lancé en 2017 - et revu par la loi du 2 mars 2022 - qui a fait du harcèlement scolaire un délit.

Pour aller plus loin :

> Le livre Harcèlements en milieu scolaire de Nicole Catherine, aux éditions PUF, 2023

> Le livre Harcèlement scolaire : le vaincre c’est possible de Jean-Pierre Bellon, Bertrand Gardette et Marie Quartier, aux éditions ESF sciences humaines, 2021