L'uniforme à l'école

 

Vestiaire collectif…

 

Le port obligatoire de l’uniforme à l’école publique fait l’objet en France depuis des décennies d’un débat passionnel, plus politique qu’éducatif. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale avait annoncé à l’été 2023 une expérimentation de cette idée, rebaptisée, "tenue vestimentaire commune" dans quelques collèges et lycées volontaires. "Si les résultats sont concluants, l'expérimentation pourra conduire à une généralisation dans toutes les écoles et tous les établissements scolaires en 2026", indique le ministère.


Un instrument de lutte contre les inégalités ?

Cette mesure est "destinée à réduire les différences sociales, à lutter contre le règne de lapparence et contre toutes formes dinégalités et de prosélytisme", explique le ministère dans son exposé des motifs. L’État et les collectivités locales concernées partageront le coût du trousseau estimé à 200 € par élève.

L’uniforme selon ses promoteurs, permettrait ainsi de prévenir l’épineuse question des vêtements à connotation religieuse. Il permettrait aussi de lutter contre la dictature des marques devenue un marqueur social à l’école. Il est aussi censé éviter le racket.

Le monde enseignant est plutôt opposé à cette réforme qu’il qualifie, par la voix de ses syndicats, "cosmétique", et donc très loin des réels problèmes de l’Éducation nationale. 

Dans le monde politique, le port de l’uniforme est souvent présenté comme un retour à une France traditionnelle. Nombre de responsables -- plutôt de droite mais pas uniquement --, parlent abusivement du "rétablissement" de l’uniforme. Alors que les historiens expliquent que le port de l’uniforme n’a jamais été imposé à l’école en France. Il a été tout au plus obligatoire dans les lycées napoléoniens. Quant à la mythique "blouse grise", elle servait avant tout à protéger les vêtements des élèves et de leurs maîtres, "hussards noirs de la République", selon la formule de Charles Péguy. La disparition progressive de la blouse dans les années 50 doit plus au remplacement de la plume Sergent Major par le stylo Bic qu’à une décision ministérielle….

L'uniforme, une norme dans d'autres régions du globe

L’uniforme ou des tenues très réglementées restent, en revanche, obligatoires dans nombre d’établissements privés.

Dans ce débat récurrent, psychologues et sociologues soulignent que l’adolescence est aussi l’âge de l’individualisme et que toute forme d’uniformisation serait plutôt contraire à l’épanouissement des enfants à ces âges.

Marcel Rufo, pédopsychiatre écrit ainsi : "nous vivons dans une société de la diversité. Les différences de couleurs, les différences sociales et vestimentaires font parties de la République. Imposer luniforme revient, en un sens, à les cristalliser".

Reste que nombre de pays ont adopté le port de l’uniforme à l’école sans que cette mesure ne fasse vraiment débat : la Grande-Bretagne, patrie d’Harry Potter, et la plupart de ses anciennes colonies, comme l’Inde, une grande partie de l’Asie, en particulier le Japon ou la Chine. Enfin, les écoliers des territoires ultra-marins français notamment la Martinique et la Guadeloupe portent l’uniforme sans le moindre problème.

Du côté pédagogique, la littérature scientifique est rare sur les bénéfices de l’uniforme et les études existantes notamment en Ecosse et au Canada, relèvent plutôt l’absence deffets positifs précis et mesurables.

L’expérimentation française sera suivie par deux comités secondés par un cénacle de chercheurs.

 

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