Groupes de besoins

 

Opportunité ou fausse bonne idée...

 

En décembre 2023, les résultats de l’enquête PISA de l’OCDE ont dévoilé une baisse significative du niveau scolaire en français et en mathématiques des élèves de 15 ans. Cette étude, aujourd’hui incontournable, permet aux politiques de justifier leurs choix et leurs politiques éducatives. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, a lancé son "choc des savoirs", une série de réformes pour « remettre de l’exigence » à l’école, au collège et au lycée, en insistant sur le français et les mathématiques. Gabriel Attal souhaite notamment mettre en place des groupes de niveau, dans ces deux matières. 

Un risque de "tri" des élèves 

Manifestatioon contre les groupes de niveaux

Cette mesure a suscité de vives réactions de la part des équipes pédagogiques. Le corps enseignant dénonce un risque de tri des élèves et pointe un manque de moyen humain pour mettre en place un tel dispositif. 

Héritière de cette politique, la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet, a affirmé qu’elle refusait "le tri social des élèves". Elle a également annoncé le recrutement d’enseignants. "Il faudra que nous recrutions des personnels contractuels, nous sommes confrontés à un manque d’enseignants du fait d’une attractivité insuffisante de notre profession". 

L'éducation nationale serait en réalité préoccupée par le manque d’enseignants. 2 330 postes sont nécessaires pour mettre en place les groupes de niveaux. "Au moins 830 doivent être créés, les 1 500 autres résultant théoriquement des moyens dégagés par la suppression dune heure de cours hebdomadaire pour tous les élèves de 6e".

Plusieurs études s’accordent pourtant à penser que les classes de niveau sont inefficaces et qu’elles favorisent l'inégalité des chances. Une note de l’IDEE, publiée en novembre 2023, souligne que "les études portant sur la différenciation par la création de classes ou groupes de niveau concluent unanimement à une absence deffets, voire à des effets négatifs". 

Cette même note rappelle que "la différenciation pédagogique est essentielle pour répondre à l'hétérogénéité des élèves », mais elle favorise « les regroupements transitoires et flexibles », à l’image des groupes de besoin, « lapprentissage en petits groupes coopératifs et le tutorat, font état de résultats plus encourageants ». 

Des "groupes de niveau" aux "groupes de besoins"

Publié au Journal officiel, l’arrêté ne mentionne finalement pas le terme de "groupe de niveau", mais de groupes "constitués en fonction des besoins des élèves". Il précise les modalités d’application : "Afin de permettre aux équipes éducatives de faire davantage progresser tous les élèves, les enseignements de mathématiques et de français sont organisés en groupes, communs à plusieurs classes, sur la totalité de lhoraire hebdomadaire", indique l’arrêté. Les élèves seront répartis en fonction de leur compétence dans trois groupes différents. 

L’arrêté ne mentionne pas le nombre d’élèves par groupes, mais encourage à maintenir des "effectifs réduits" pour les élèves en difficultés. Il laisse également une marge de manœuvre aux enseignants concernant les critères de sélection : la composition des groupes sappuie sur lanalyse par le chef d’établissement et les équipes pédagogiques des besoins spécifiques de chaque élève. 

La composition des groupes sera "réexaminée au cours de lannée scolaire, notamment à loccasion des regroupements, afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves" Les groupes constitueront donc la nouvelle norme denseignement des mathématiques et du français, mais les classes entières pourront continuer à exister par intermittence et jusqu’à dix semaines dans lannée. Autre information importante, la composition des groupes sera « réexaminée au cours de lannée scolaire, notamment à loccasion des regroupements, afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves ». 

Ce nouveau dispositif entrera en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de 6e et de 5e. Les classes de 4e et de 3e seront concernées à partir de la rentrée 2025.

ACRONYMES

 

PISA = Programme international pour le suivi des acquis des élèves  
OCDE = Organisation de Coopération et de Développement Économiques  
IDEE = Innovations, Données et Expérimentations en Éducation 

 

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