La mise en place d’une méthode qui a fait ses preuves ailleurs va-t-elle de soi ?

 

Pour les sceptiques, la transposition d’une méthode d’un pays aussi particulier que la Cité-État de Singapour avec ses 5 millions d’habitants fait débat. Outre les manuels qui distillent l’approche « concrète-imagée-abstraite » des mathématiques, l’enseignement des mathématiques s’organise avec des modalités différentes des autres pays. Le temps de formation des profs est de 100 heures par an, les manuels sont contrôlés par une commission ministérielle, les programmes sont revus tous les six ans et s’adossent à un institut scientifique et pédagogique en pointe sur les toutes dernières pratiques en mathématiques. Des conditions ne sont pas toutes présentes dans les autres systèmes éducatifs. Pour autant, doivent-elles être impérativement réunies pour produire des résultats ?

Le Royaume-Uni pourrait être un élément de réponse sur cette appropriation. L’expérimentation a été lancée auprès de la moitié des écoles primaires britanniques dès 2016 en se concentrant sur la mise en application des méthodes préconisées dans de nouveaux manuels. En complément, les enseignants ont pu bénéficier de stages dans des pays où cette approche est bien maîtrisée comme la Chine. L’expérience semble avoir été payante car le niveau en maths des jeunes britanniques a nettement progressé : le Royaume-Uni qui était à la 17e place du classement PISA est passé à la 11e en 2022.

En France, la méthode Singapour infuse dans l’enseignement des mathématiques depuis que Jean-Michel Blanquer a lancé le chantier en 2018 d’une adaptation au programme français. On la retrouve déjà dans certains manuels, et les pouvoirs publics diffusent aussi des explications aux enseignants via les ressources d’Eduscol, le site de formation des profs.

A présent, l’impulsion de Gabriel Attal pour déployer la méthode le plus largement possible devrait accélérer les choses et montrer si la révision des manuels en ce sens, la production de ressources pour les profs et les premiers efforts de formation améliorent le niveau des élèves. Il faudra une véritable mobilisation des enseignants et une appropriation de cette approche pour transmettre l’envie de faire des maths à ceux qui en ont le plus besoin.

Est-ce que ce déploiement de la méthode produira des résultats ? Il est encore trop tôt pour le dire mais gageons que cela fera bouger les lignes et transformera en profondeur la pédagogie des maths en France, la production des manuels, et la formation des enseignants, il en va de l’avenir des jeunes.